Contribution à l’occasion de l’élection de la Suisse au Comité intergouvernemental de sauvegarde du patrimoine culturel immatériel de l’UNESCO.

La convention pour la sauvegarde du patrimoine immatériel a été adoptée par l’UNESCO en 2003. La définition du patrimoine immatériel a été précisée comme suit :

« On entend par patrimoine culturel immatériel les pratiques, représentations, expressions, connaissances et savoir-faire – ainsi que les instruments, objets, artefacts et espaces culturels qui leur sont associés – que les communautés, les groupes et, le cas échéant, les individus reconnaissent comme faisant partie de leur patrimoine culturel. Ce patrimoine culturel immatériel, transmis de génération en génération, est recréé en permanence par les communautés et groupes en fonction de leur milieu, de leur interaction avec la nature et de leur histoire, et leur procure un sentiment d’identité et de continuité, contribuant ainsi à promouvoir le respect de la diversité culturelle et la créativité humaine. Aux fins de la présente Convention, seul sera pris en considération le patrimoine culturel immatériel conforme aux instruments internationaux existants relatifs aux droits de l’homme, ainsi qu’à l’exigence du respect mutuel entre communautés, groupes et individus, et d’un développement durable. »

Cette convention complète donc les outils de protection du patrimoine de l’UNESCO en s’ajoutant à la convention du Patrimoine mondial qui elle, protège les sites construits et les sites naturels.

Elle est entrée en vigueur au mois d’avril 2006. La première Assemblée générale s’est tenue au mois de juin 2006. Les directives opérationnelles de cette convention sont données par le Comité intergouvernemental. À l’image du patrimoine mondial, des listes ont été créées : une liste représentative et une liste de sauvegarde urgente, où ont été inscrits les chefs-d’œuvre précédemment proclamés, et où de nouveaux éléments sont inscrits annuellement depuis 2007. En 2015, 163 États avaient déposé leurs instruments de ratification, d’acceptation, d’approbation ou d’adhésion pour la Convention.

L’expression « patrimoine culturel immatériel » est officialisée en 1993 lors de la conférence internationale sur les nouvelles perspectives du programme du patrimoine immatériel de l’Unesco. L’idée de patrimoine immatériel en soi est cependant plus ancienne. La déclaration qui clôture la conférence mondiale sur les politiques culturelles de Mexico (1982) avait auparavant élargi le sens donné à la notion de patrimoine culturel afin d’y inclure les « créations anonymes, surgies de l’âme populaire », qu’elles soient « matérielles et non matérielles ».

La saison d’alpage en Suisse est sur la liste du patrimoine culturel immatériel de l’UNESCO.

La Suisse a ratifié la convention de l’UNESCO le 16 juillet 2008. La Convention pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel astreint les Etats-parties à conserver le patrimoine culturel immatériel existant sur leur territoire national en créant les institutions appropriées et en y associant les détenteurs et détentrices du patrimoine. En vertu de la répartition des compétences prévue par la Constitution dans le domaine de la culture, la mise en œuvre de cet engagement incombe aux cantons et à la Confédération. C’est ainsi qu’en 2008, l’Office fédéral de la culture, chargé de la mise en œuvre de cette convention, a invité les cantons à faire un inventaire des traditions vivantes, terme utilisé dans cette démarche car il semblait plus clair.

En effet, avant de pouvoir soumettre des objets à l’UNESCO, un pays doit faire un inventaire national de ses traditions. Cette première étape du processus de ratification s’est déroulée dès l’annonce de l’acceptation de la Suisse comme pays membre de cette convention. Les délégués cantonaux pour la culture, d’abord un peu réticents – une demande émanant de Berne, surtout dans le domaine de la culture, est toujours un peu vue comme une incongruité dans notre pays fédéraliste – ont finalement fait un travail de recherche extraordinaire. Plus de 400 thèmes ont été répertoriés. Une commission d’experts, mise sur pied à cette occasion, a fait un travail de sélection et de regroupement afin d’établir la première liste helvétique des traditions vivantes de notre pays. Cette étape a permis d’identifier 165 thèmes d’importance nationale. Une première version de l’inventaire a été publiée en 2012 sous le titre «Liste des traditions vivantes en Suisse». Cette liste a été actualisée une première fois en 2017. A cette occasion, le nombre des entrées a été porté de 165 à 199.

C’est à partir de cette liste que le Conseil fédéral décide quel thème sera soumis à l’UNESCO afin d’être présenté comme un élément du patrimoine immatériel mondial. Les premiers dossiers retenus dans la liste indicative du Conseil fédéral ont été

  • La Fête des Vignerons de Vevey (accepté par l’UNESCO en décembre 2016)
  • Le Carnaval de Bâle (accepté par l’UNESCO en décembre 2017)
  • La Gestion du danger d’avalanches (accepté par l’UNESCO en novembre 2018)
  • Les Processions de la Semaine Sainte à Mendrisio (accepté par l’UNESCO en décembre 2019)
  • Les savoir-faire en mécanique horlogère mécanique d’art (déposé en mars 2019)
  • Le design graphique et typographique suisse
  • La saison d’alpage en Suisse
  • Le Yodel

Pour plus de détails sur le patrimoine immatériel, on peut consulter le site de l’UNESCO et celui de l’Office fédéral de la culture.


Jean-Frédéric Jauslin est ancien ambassadeur de Suisse auprès de l’UNESCO

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